Le "Télégramme" de Brest parle de nous

Portrait de abcfr

Suite à notre participation au Carnaval de Douarnenez, Le "Télégramme" (journal local) a parlé de nous et de notre responsable régionale Katie.

 

Ils font les Gras:  Katie, 48 ans

Marie-Line Quéau

Chaque année depuis plus de vingt ans, elles viennent des quatre coins de France faire les Gras. "Elles", ce sont les membres de l'Association Beaumont Continental (ABC), animée en Bretagne par Katie, qui vit à Lannion.

"Pendant toute la semaine ici, je suis bien dans ma peau. Je passe inaperçue, confie Katie . Les débutantes font souvent leur première sortie à Douarnenez. Ici, elles ne risquent rien".

"Dimanche, nous sommes allées dîner au Bord'Eau et j'ai mis un cache-cœur noir et une longue jupe plissée", détaille Katie, geste gracieux à l'appui pour montrer le mouvement de sa jupe. "Ou voulez-vous que je porte ce genre de tenue de soirée autrement ?" Effectivement, quand Keith, traducteur britannique installé depuis trente ans du côté de Lannion avec son épouse, décide de sortir en Katie, il n'a pas de raison d'en rajouter.

Contrairement aux hommes qui, quand ils se déguisent en femmes, le font assez grossièrement, Keith soigne les détails quand il s'habile en Katie. Epilation impeccable, sous-vêtements raffinés, faux seins en gel de taille normale, maquillage discret... Aucune faute de goût. Ce qui ne l'empêche pas d'aimer aussi se déguiser ! Ce soir par exemple, Katie déambulera dans les rues en infirmière. Que portera-t-elle sous sa blouse ? Et quelle sera sa place dans ce charivari, entre hommes déguisés en femmes et homosexuels en java ? "Je serai aux Anges", glisse Katie, malicieuse. Pour l'heure, elle est juste en jean gris et top rouge, détendue et souriante; papotant dans le salon cosy de l'Hôtel de France ou elle séjourne pour la semaine avec une vingtaine de "copines" d'ABC France, cette association qui permet aux travestis de rompre leur isolement. Katie en est la référente a l'échelle de la Bretagne.

"Dans tout ça, nous passons inaperçues !"

"Certaines parmi les plus jeunes s'habillent pour le frisson sexuel, convient Katie. Mais pour toutes, c'est l'occasion de s'épanouir en femme pendant une semaine dans une ville très accueillante avec nous. Depuis trente ans que je me travestis, j'ai été agressée trois fois. Verbalement et physiquement et toujours pas des gars ivres. C'est peu", estime Katie, expliquant que Les Gras de Douarnenez sont, pour les nouveaux membres d'ABC France, l'occasion de faire leur première sortie "en femme"." Le carnaval, c'est le moment ou tout bascule. L'homme peut devenir un animal comme devenir un Dieu. Alors nous, dans tout ça nous passons inaperçues !"

"J 'ai fait ça en cachette jusqu'a quarante ans, confie Katie. En Angleterre, je sortais une fois par semaine dans un cercle spécialisé. En France, cela n'existe qu'a Paris. Quand je me suis installée a Lannion, il y avait un carnaval. C'est la que j'ai commencé a sortir et a inviter d'autres copines. Mais en 1995, la municipalité de Lannion a mis fin aux Gras. Ce n'était soi-disant pas assez culturel, rapporte Katie les yeux au ciel. C'est une copine de Paris qui avait entendu parler de Douarnenez. Alors depuis, chaque année, on vient ".

Sortir du placard

Certaines années, elles sont trente, voir quarante. Et elles sont d'autant plus familières aux Douarnenistes qu'elles profitent de cette semaine rien qu'a elles pour se balader, fa ire du shopping . Hier, c'était la Ville Close de Concarneau puis shopping a Quimper. Samedi, la boutique de vêtements féminins Breal, rue Duguay-Trouin, leur a même concocté un accueil personnalisé.

"On a été chouchoutées, détaille Katie. Virginie nous a offert champagne et petits fours, en plus des remises. Alors vous imaginez !"

A Douarnenez pendant une semaine, Katie et son groupe décuplent les plaisirs et peuvent devenir toutes les femmes. "Il y a dix ans, je me suis déguisée en Marilyn Monroe, avec la robe blanche mythique de la bouche de métro. Rue Anatole-France, la foule s'ouvrait devant moi en m'acclamant. J'ai eu mon quart d'heure de célébrité. Cela m'a donné la mesure de ce qu'avait du vivre la vraie Marilyn. Surtout au moment ou une jeune femme s'est littéralement jetée sur moi en hurlant que j'étais son idole. Je me suis dit que j'aurais du sortir de mon placard plus jeune", convient Keith qui, lui, a bien plus que les 48 ans qu'affiche la délicieuse Katie, son "double je".

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